Dans un contexte global où le grand public a généralement peu d'intérêt pour les "vieilles pierres", les soirées de mise en lumière des vestiges du Chellah ont pour objectif de créer de l'émerveillement et de surprendre les spectateurs pour changer leur regard sur les sites archéologiques.

Fort de notre expérience dans des circonstances similaires et convaincus que la technologie seule ne suffit pas, nous l’avons mise au service d'une narration incarnée par des personnages qui suscitent l'empathie et créent l'émotion.

Le Chellah, d’abord occupé par les Phéniciens, devient un comptoir romain sous le nom de Sala Colonia, dont les vestiges d’un forum, d’une voie romaine et d’un arc de triomphe sont encore visibles.

Le site atteint son apogée au XIVe siècle sous la dynastie mérinide, lorsque le sultan Abou al-Hassan en fait une nécropole royale et un complexe religieux.

Les Mérinides y construisent des murailles, une mosquée, un minaret orné de zelliges, des mausolées et une médersa. Aujourd’hui, le minaret, avec ses nids de cigognes, est l’un des symboles emblématiques du Chellah.

C’est depuis ce minaret séculaire, sentinelle d’un passé révolu, que s’ouvre le spectacle.

Un homme sans âge, au visage sculpté par le temps, apparaît tel un guide mystérieux, un poète d’antan.

Sa voix, grave et enveloppante, s’élève dans l’air du soir, portant avec elle les échos lointains des civilisations disparues. Il nous invite à pénétrer dans l’histoire des vestiges islamiques, à sentir sous nos pieds la poussière des siècles, à écouter les murmures des âmes qui ont foulé cette terre sacrée.

Et soudain, l’histoire se heurte au présent. Un jeune couple, insolent dans sa modernité, pénètre discrètement la zone archéologique, rompant l’enchantement comme une brise inattendue. Ils sont des intrus, des rêveurs avides de mystère, mais surtout des amoureux.

Lui, érudit, porte en lui le savoir des âges, et d’un geste, d’une phrase, il ressuscite le passé. Sous ses pas, la cité antique se reconstruit, pierre par pierre, rempart après rempart grâce aux drones qui s’élèvent à l’axe des vestiges faisant revivre les contours oubliés des temples et des places romaines.

Sa compagne, fascinée, le suit, ses yeux grands ouverts, se laissant happer par le flot de l’histoire et l’émerveillement visuel.

Le Chellah renaît, non pas comme une simple ruine, mais comme une cité vivante, où les ombres du passé et les rêves du présent se croisent, se répondent, et se fondent dans une danse éternelle.

Ce spectacle est bien plus qu’une performance artistique : c’est un pont entre les époques, une ode à la mémoire du passé transcendée par la technologie moderne, et une preuve que le patrimoine peut toujours trouver de nouvelles voies pour émerveiller et raconter son histoire.